mercredi 22 décembre 2010

La consanguinité dans le passé



Dans le passé, la consanguinité a longtemps été approuvée et même conseillée au sein de nos sociétés.
Si presque toutes les civilisations de l’histoire sur lesquelles on dispose d’informations considèrent l’union consanguine comme un tabou, les familles royales furent exemptées de cet interdit dans de nombreuses sociétés tel que dans l’Egypte Antique, chez les Habsbourg ou encore à Hawaï.

Prenons tout d’abord l’exemple de l’Egypte Antique.
Les Egyptiens, contrairement à la coutume, ont établi une loi qui permettait à un homme d'épouser sa sœur. Ainsi il y aurait eu de nombreuses unions consanguines dans la famille royale. Par exemple, Toutankhamon est le fruit d’une union consanguine entre Akhenaton et sa sœur. Il aurait épousé Néfertiti en premières noces, et sa propre sœur en secondes noces. Il s’agissait alors d’une pratique habituelle car un roi, considéré tel un dieu comme Isis et Osiris, pouvait épouser sa sœur et sa fille. C'était une coutume qui s'appliquait seulement entre rois et reines. On peut également dire que, lorsque Toutankhamon accède au trône, il épouse sa demi-sœur, née de la première union de son père.
Cependant il existe une ambiguïté de la langue car le mot "senet" désigne à la fois la sœur et la bien-aimée, et l'épouse pouvait aussi appeler son mari "mon frère". Ce qui peut donc porter à confusion au vu du contenu des textes retrouvés lors de fouilles.

Parlons maintenant de la grande famille des Habsbourg.
Cette famille a régné sur le Saint Empire romain germanique, sur l'Autriche, sur la Bohême, la Hongrie et sur l'Espagne pendant 174 ans. La dynastie s’éteignit au XVIIIème siècle.
Cette famille utilisa énormément les unions consanguines et se sont souvent mariés avec des membres proches de leur parenté, telles que des unions oncle-nièce, entre cousins ou autres.



 On peut voir qu’entre 1516 et1700, cinq souverains se sont succédé dans la dynastie des Habsbourg : Charles Quint, Philippe II, Philippe III, Philippe IV, Charles II. Ils avaient la particularité d’être le fruit d’une union consanguine principalement entre les Habsbourg d’Espagne et d’Autriche.

Tout d’abord, Philipe II (1527 - 1598) qui est le fils de Charles Quint et d’Isabelle de Portugal régna de 1556 et 1598. A ce moment là, son arbre généalogique comportait déjà plusieurs ancêtres communs tels que les parents de ses deux grands-mères qui sont Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon. Il contracta ensuite lui-même des mariages consanguins. En effet, il se maria quatre fois dont trois étant des unions consanguines. Il épousa ainsi deux de ses cousines : Marie Manuelle de Portugal (en 1543) et  Marie Tudor (en 1554). Puis, ce fut l'archiduchesse Anne d'Autriche qui était sa nièce.

Par la suite, Philippe III (1578 - 1621) contracta un mariage avec Marguerite d'Autriche  en 1599. Elle était en réalité la sœur de Ferdinand II dont il est le cousin germains et aussi le petit cousin. Ils eurent huit enfants dont Philippe IV (1578 - 1621) qui régna à la mort de son père.



 =photo de Philippe III






 
Philipe IV se maria quand à deux reprises. La première fois, en 1615, il épousa Elizabeth de France. Puis, la deuxième fois, en 1649, il épousa Marie-Anne d’Autriche qui lui donna Charles II, le futur roi d’Espagne ainsi que Marie-Thérèse. Celle-ci épousa son oncle Léopold I.



 = photo de Philippe IV








Enfin, lors du décès de son père et après une régence, Charles II prend le pouvoir. Il est alors le résultat d’une longue série de mariages consanguins.
Ainsi le degré de consanguinité a augmenté au fil des générations jusqu’à atteindre 0,025 pour le roi Philippe Ier (1478-1506) qui, par la suite, s’est marié avec sa nièce Anne d’Autriche ; pour ensuite atteindre 0,254 pour Charles I (1500-1558).

 = photo de Charles II






Parlons enfin de l’exemple d’Hawaii.
C’est une île qui portait autrefois le nom des Îles Sandwich. Elle a été découverte par Cook en 1778 alors qu’elle avait été peuplée deux millénaires auparavant par des immigrants de Polynésie.

L’une des caractéristiques les plus souvent citées de l’archipel d’Hawaii a été la pratique de l’inceste entre les membres des familles royales. Bien qu’ils aient été restreints à un nombre limité de personnes, ces unions incestueuses ont été pratiquées ouvertement, telle une tradition, les Hawaiiens n’étant en rien choqués par le comportement des membres de la famille royale.                                   
  Ce qui a frappé les premiers explorateurs de l’île a été le fait que les unions consanguines n’étaient ni considérées comme un péché, ni comme une coutume particulière des indigènes. En effet, la spécificité historique de l’inceste à Hawaii est double, puisque les unions consanguines n’étaient pas autorisées, excepté pour quelques individus (membres de la famille royale) qui les pratiquaient.                          
 L’inceste royal, considéré comme un privilège exclusif, était donc « non seulement accepté, mais encouragé » à Hawaii, fait remarquer l’historienne Joanne Carando.                                                                              
Les relations incestueuses étant au cœur de différents mythes et légendes hawaiiennes, l’inceste, le système sacrificiel et la royauté étaient alors liées. Ainsi, ces unions incestueuses étaient considérées avec beaucoup de respect. L’inceste a été pratiqué à un tel point qu’il a conduit à des mariages entre frères et sœurs et donc à la consanguinité. Cependant, l’affection anime parfois ces liens. En effet, après avoir embrassé le christianisme, le roi Kamehameha III d’Hawaii continua à coucher pendant plusieurs années avec sa sœur, à la grande satisfaction des anciens, mais au grand désespoir des missionnaires. Ils le faisaient, précise Joanne Carando, parce qu’ils s’aimaient.  Le roi Kamehameha III règna de 1824 à 1854. Durant son règne, la monarchie fut transformée en monarchie constitutionnelle




Cette forme d’union était donc considérée, pour l’Egypte 
 Antique, les Habsbourg ou Hawaï, comme un privilège royal. En effet, cela protégeait le patrimoine de toute intrusion et cela maintenait la dynastie dans le cas des Habsbourg.
 Ainsi, épouser des membres de sa propre famille permet au roi de ne jamais partager ses richesses, ses privilèges et son pouvoir avec des personnes extérieures à la parentèle. Le pouvoir se concentrait au sein d’une même famille royale, celle-ci n’avait alors aucun compte à rendre à de tierces personnes sur l’utilisation qu’elle en faisait.

Ces unions permettaient aussi de limiter les guerres d’héritages et garantissaient à la famille royale de conserver ses richesses et son pouvoirs de génération en génération sans la dilapider.



Les mariages se contractaient pour des raisons économiques et sociales. Cela renforçait la cohésion sociale d’un groupe.

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